Printemps 2020 dans l’Aude : faire face au mildiou

La météo du printemps 2020 n’a pas épargné le sud de la France… Zoom sur le département de l’Aude, devant faire face à la gestion du mildiou.

 

 

Parcelle d’un vigneron bio inondée à Trausse Minervois, suite aux fortes pluies du printemps 2020. (© Domaine Lapeyre)

« Les viticulteurs du département ne sont pas habitués au mildiou ! », exprime Anaïs Berneau, conseillère technique viticulture au Biocivam de l’Aude. Avec, d’habitude, des printemps cléments, des étés chauds et venteux, le mildiou n’est pas en conditions favorables pour se développer. « Certains vignerons n’avaient jamais vu une tache de mildiou dans leurs vignes. Tous n'ont pas forcément encore les bons réflexes par rapport à la maladie. » En effet, si le champignon est bien connu sur la façade atlantique, le Sud doit apprendre à faire face à ces nouvelles problématiques, dues aux aléas climatiques, de plus en plus fréquents ces dernières années.

 « Même si cela a été encore plus compliqué dans les Pyrénées-Orientales, nous avons eu un printemps pas évident. » Les 10 et 11 mai, ce sont plus de 100 mm de pluie qui tombent en deux jours dans certaines zones. « Et une pluie fine est restée toute la semaine suivante, n’asséchant pas le vignoble, favorisant les contaminations et empêchant certains vignerons de rentrer dans leurs parcelles. » Le Syndicat des vignerons, les chambres d'agriculture, Coop de France et les Vignerons indépendants avaient alors demandé des dérogations pour traiter les vignes par hélicoptère. « Le processus a été long, ainsi, lorsque l’autorisation a été donnée, ce n’était plus nécessaire car la météo était favorable. Néanmoins, la Confédération paysanne envisage toujours de saisir la justice administrative avec France Nature Environnement et ECCLA (1), afin que cela ne crée pas un précédent. »

 Trouver les solutions pour traiter

Certains vignerons s’en sortent en ressortant leurs pulvérisateurs à dos, pour des petites surfaces, ou pour sauver quelques parcelles les plus sensibles. « Nous avons aussi observé des investissements dans des quads », note la conseillère. Alors que les engrais verts sont d’habitude détruits début avril pour éviter la concurrence hydrique, ils sont toujours en place le 11 juin. « C’est une situation exceptionnelle, mais au moins, ils ont favorisé l’entrée dans les parcelles. » Anaïs Berneau a conseillé des passages fréquents dès 10 mm de pluie, avec de faibles doses de cuivre – 200, voire 300 g maximum. « Et éventuellement en association avec des produits à base d’huile essentielle d’orange douce, pour un effet curatif. »

La conseillère constate une belle sortie de floraison sur la majorité du vignoble. « Mais depuis fin mai, nous avons eu encore 15 jours de pluie, favorisant des recontaminations, car le mildiou était déjà bien présent. » Selon elle, la situation est encore plus compliquée qu’en 2018, notamment à cause de ces contaminations précoces. « Celles-ci ont eu lieu lorsque la vigne a été la plus sensible. » Les attaques sur grappe sont variables. Les zones en coteaux, comme dans le Minervois, sur le Causse ou dans les Hautes Corbières s’en sortent mieux. « Mais dans les plaines, il peut y avoir plus de 40 % de grappes touchées. » Néanmoins, dur de dire aujourd’hui quels seront les réels impacts économiques : « Les pertes de rendement sont encore difficiles à chiffrer. »

 

Frédérique Rose

(1) Écologie du Carcassonnais des Corbières et du littoral audois.