Jacques Frelin, négociant en vins bio : « Notre activité perdure »
INTERVIEW
Vitisbio : Pouvez-vous nous décrire votre activité ?
Jacques Frelin : Nous sommes négociants et producteurs spécialisés à 100 % dans les vins bio. Avec nos œnologues partenaires, nous sélectionnons des vins, vinifions, assemblons et mettons en bouteilles sous nos propres étiquettes. Nous travaillons avec 40 à 50 domaines et caves coopératives. Environ 75-80 % d’entre eux sont basés en Occitanie. Mais nous élaborons aussi des vins de la Vallée du Rhône, Paca, Gascogne, Bordeaux et la Loire. Un peu de vin d’Espagne et un prosecco italien complètent notre gamme. Nous sommes aussi viticulteurs avec un domaine de 12 ha dans le Gard, tout en continuant de planter de nouvelles vignes.
Jacques Frelin. (©Jacques Frelin Vignobles)
Quelle est votre gamme ?
Environ 25 000 hL de vin par an sont produits, soit 3 millions de bouteilles. 150 références sont proposées dans notre catalogue. Nous achetons des cuvées déjà vinifiées ou bien nos œnologues élaborent les vins au sein de caves partenaires. Nous achetons aussi du raisin que nous vinifions en prestation à la cave d’Abeilhan dans l’Hérault.
Au sein de l’entreprise Jacques Frelin, 150 vins bio composent le catalogue. (©Jacques Frelin Vignobles)
Comment s’organise votre travail depuis le début de la crise du Covid-19 ?
Les dix salariés du siège sont tous en télétravail. Notre activité perdure malgré la crise. Nos prestataires continuent notamment d’expédier les vins. Nous avons arrêté la mise en bouteilles pendant une dizaine de jours en mars, mais depuis, nos prestataires ont repris à 50 % de la capacité. Et en cave, on travaille encore, on assemble… en allant plus doucement et avec les contraintes du respect des consignes de sécurité. Ce n’est pas évident. Mais nous sommes en pleine saison de mise en bouteille des millésimes et dans la préparation des vins de printemps et d’été – notamment les rosés – et nous voulons avoir des produits à proposer.
Comment vos ventes sont-elles impactées ?
Pour nos ventes en France – 85 % des volumes –, nous sommes leaders au sein des principales enseignes de magasins bio spécialisés. Cela représente 80 % de nos ventes en national. Ce sont des magasins alimentaires, restant ouverts. Mais les quinze premiers jours du confinement, ils ont privilégié les commandes de produits de première nécessité, fortement demandés par les consommateurs. Les magasins nous ont donc moins commandés de vin, car il y avait un peu moins d’achat, mais aussi parce que logistiquement, il était compliqué de transporter et de stocker quasiment le double de produits alimentaires de base, en plus du vin. Nous avons eu en mars une perte de 10 % de chiffre d’affaires environ. En revanche, pour le mois d’avril nous sommes dans le flou total et ne savons pas comment les ventes vont évoluer.
Et au sein de vos autres circuits de commercialisation ?
Pour le reste des ventes en France, la commercialisation au sein des circuits CHR s’est totalement stoppée, et de façon immédiate. Mais cela représente uniquement 10 % de nos ventes habituelles dans l’Hexagone. Et auprès des GMS – idem 10 %, des ventes France –, les commandes sont restées quasiment les mêmes. Là où c’est plus compliqué, c’est au niveau de l’export, et surtout auprès des États-Unis, du Japon, de la Chine… Nous continuons néanmoins à avoir des ventes dans les pays européens, comme la Belgique, Pays-Bas ou l’Allemagne. Ces pays n’ont pas marqué de véritable frein.
Comment envisagez-vous la suite ?
Il est très difficile de prévoir ou de préparer quoi que ce soit ! Nous n’avons aucune prévision de nos clients. Quand y aura-t-il une reprise ? Quelle sera-t-elle ? Combien de temps ce confinement va continuer ? Nous sommes comme tout le monde plein d’interrogations. Nous travaillons au jour le jour. Actuellement notre dynamique commerciale est très particulière : nous nous focalisons sur nos gammes existantes, sur nos produits de rotations les plus courants. Mais nous n’envisageons pas de nouveaux produits, d’actions de promotion… L’écoute commerciale n’est pas au rendez-vous pour vendre une nouveauté. Cependant notre activité ne semble pas remise en cause, même si 2020 sera une année particulière.
Propos recueillis par Frédérique Rose.